J'ai l'égo blessé ce soir, blessé de Fulgence Voici sept semaines que nous sommes séparés. Il a déjà un autre régulier. Je crève d'envie de savoir comment il est, qu'est-ce qu'il a de plus ou de moins que moi pour avoir su le conquérir si vite. Deborah me disait que Fulgence est passé à autre chose, si vite ? Aurais-je été aussi ignoble que cela ? C'est ça qui me fait le plus mal : c'est lui le premier de nous deux qui s'est maqué, et putain sept semaines après, j'ai du mal à le digérer. J'aurais voulu qu'il souffrît un peu plus, qu'il se galérât comme je me suis galéré avec lui pendant les deux dernières années. Mesquinement je souhaite que cette nouvelle histoire ne dure pas, alors que je me souhaite tout le bonheur du monde. Je me sens comme le dernier des cons, humilié.

Deborah n'est pas étonnée, elle a bien cerné nos deux caractères : Fulgence a besoin de quelqu'un, et de s'investir exclusivement avec lui. Ça été comme cela pendant trois ans et demi, une sangsue sentimentale et relationnelle, incapable de partager son mec (=moi) avec mes copains, mes copines surtout, et impossible pour moi d'avoir des copains pédés de mon côté, sans lui en parler (bon je sais là c'était un peu abuser de ma part). Je dois reconnaître qu'il s'investissait pleinement dans notre relation, et pas moi. C'est tout de même bon de se laisser porter, non ?

Je me rends compte que je n'ai pas tourné la page, pas vraiment. Le deuil se fait de mon côté, mais pas à deux. Le devrait-il ? Je n'ai plus aucune prérogative sur lui, et inversement. Depuis six semaines je papillonne, éclatant de ma liberté retrouvée. C'est cela dont je pense avoir besoin, et Deborah a bien senti que je ne me caserai pas de sitôt. Il me faut admettre que Fulgence sera casé, et pas moi, et que c'est normal à la vue de nos deux caractères. Fulgence a dit à Ronald que je pouvais l'appeler, j'en ai encore moins envie, car récemment je me surprenais à ressentir le manque de Fulgence. Je me laissais aller, m'imaginant que je lui manquais. C'est aussi cela qui me fait mal, de me prendre une claque me disant que je ne lui manque pas, qu'il est passé à autre chose. C'est comme avec Kirios, avec lequel j'ai trompé Fulgence voici un an : après ses missives enflammées, il est passé à autre chose, à d'autres histoires, et ce lien de possession que je pensais tenir n'existe pas, et ça me blesse.

Maintenant, que faire ? Contacter Fulgence, pour voir et se sentir suffisamment solide pour s'en prendre plein la gueule ? Draguer Wulfran et enfin sortir avec, mais en ai-je bien envie ? Ou plutôt ai-je envie de tomber amoureux de lui maintenant ?

Une première observation est que nous sommes plus heureux chacun de notre côté qu'ensemble. Ça me rassure, quelque part.